Introduction
Alors que la tradition scolastique puis scolaire née de la civilisation gréco-latine accorde une importance fondamentale aux valeurs des écrits, car ce sont eux qui durant plusieurs décennies, voire pendant de nombreux siècles, ont dominé et dominent encore (Langlois, 2012), en France, les enjeux de réussites éducative et sociale des systèmes d’éducation, le Conseil National de l’Innovation pour la réussite éducative (CNIRE, 2016) a impulsé une orientation inédite à la réflexion didactique en mettant en avant le rôle déterminant des apprentissages langagiers oraux à l’École. Suivant cet angle de réflexion propice à la reconnaissance des vertus éducatives du langage oral – réflexion déjà amorcée par les travaux de Hagège (1995) – le programme d’enseignement du cycle 3 en vigueur à compter de l’année scolaire 2018-2019 (BOEN spécial n°30 du 26 juillet 2018) met l’accent sur l’importance du langage oral et les activités spécifiques qui sont dédiées à son apprentissage. Ces conditions réunies et les discussions entre élèves distants autour de l’écriture ayant favorisé la construction de la posture d’auteur (Guitard-Morel, 2018), il nous a paru pertinent d’orienter notre implication de recherche au sein du dispositif ÉÉR (Laferrière, 2005) sur l’enseignement de l’oral et les apports liés aux outils numériques dans ce domaine (Guichon & Tellier, 2017).
Dans le contexte géographique de zones d’enseignement distantes – Académie de Clermont-Ferrand, circonscription d’Issoire (63) – où les effectifs scolaires des classes d’élèves du cycle III, âgés de dix à douze ans, ne contribuent pas à une pleine efficacité des échanges oraux entre pairs, est né le projet de l’élaboration d’une WEBRADIO au sein de ces classes éloignées. Le dispositif de la WEBRADIO a permis aux apprenants de mobiliser des compétences d’expression orale tant sur le plan de l’émission d’un message langagier oral que sur celui de sa réception et donc de l’écoute (Nonnon, 2004) d’un discours oral. La présente étude exposera les modalités d’une recherche-action, impliquant dix classes qui ont travaillé sur les genres discursifs oraux de l’enquête, de l’interview, du débat et de la mise en voix.
Cette étude d’ordre longitudinal s’ancre dans un test initial – septembre 2018 – qui permet une mesure diagnostique des compétences langagières orales avant la mise en place du projet et se clôt sur un test terminal – mai 2019 – reprenant les mêmes items et des conditions similaires de passation. L’hypothèse générale qui préside à notre recherche-action s’énonce comme suit : les scénarii didactiques dédiés aux pratiques langagières orales, dont la WEBRADIO et les échanges par CLASSES VIA, des élèves entre classes éloignées favoriseraient une évolution positive de ces compétences langagières orales (Wacquet, 2003) et contribueraient donc au dynamisme langagier des apprenants du cycle III.